Perdre la vue c’est généralement un synonyme de perte de mobilité et d’accessibilité que ce soit à l’information ou à d’autres services et droits notamment dans un environnement mal préparé pour soutenir les personnes ayant un handicap du genre. Et dans le monde les exemples sont multiples.
Besma Essousi, était un exemple type de ce genre de tragédie.
A l’âge de 35 ans elle avait perdu la vue et ainsi que son travail de professeur d’anglais. « Je me suis alors trouvée dans le déni, la marginalisation, », explique madame Besma avec regret et d’un ton ému.
Et d’ajouter : « J’ai découvert qu’il y a un manque d’information par rapport à ma maladie et par rapport à comment avoir un accompagnement pour les personnes handicapées. Le handicap visuel a changé ma vie et du coup j’ai décidé de changer la vie des personnes handicapées. Cela ne peut se faire sans un bon contenu médiatique. Le rôle des médias est aussi important que celui de l’éducation. Ils sont très complémentaires ».
Après une longue période de refus de son handicap, Besma Essoussi s’était lancée dans un combat pour changer la situation des handicapés en Tunisie et en particulier le stéréotype de le handicap dans les médias.
Madame Bessma est aujourd’hui vice-présidente de l’association Ibssar , et animatrice d’une émission hebdomadaire à la Radio ML.
« Les médias doivent traiter les handicapés en tant que citoyennes et citoyens qui jouissent de leurs pleins droits. Et là, on va devoir repenser le paysage médiatique qui est basé sur la charité, la mendicité, et les préjugés et stéréotypes que ces personnes ne peuvent rien faire et qui sont bons à rien ! Pour cela, il faudra inclure dans le contenu médiatique et dans nos émissions le droit à l’information pour les personnes handicapées ».
« Dans les radios associatives, plusieurs parmi le personnel sont des bénévoles et ne sont pas formés sur les médias. Avec de telles formations, on s’initie notamment à l’analyse de contenu et on comprend comment améliorer la visibilité de radio. De même, on se forme pour savoir comment outiller les personnes qui bénéficient de ces formations pour concevoir une meilleure programmation et surtout comment arriver à satisfaire cette audience qui cherche à travers notre radio une information qui pourrait ne pas être relayée ailleurs. »
« Je peux dire que sans mes yeux j’arrive à voir beaucoup mieux qu’avec mes yeux avant ! Sans mes yeux j’arrive à faire mon émission radio et à emmener des personnes pour parler de leurs parcours. J’arrive à partager des ondes positives avec les personnes qui nous écoutent et surtout essayer de changer les mentalités et le regard existant sur le handicap. » Journaliste et militante pour les droits des femmes et des personnes handicapés, madame Bessma continue sa vie avec plus de détermination et d’engagement, et avec de nouvelles perspectives…